La tourteau de soja, sous-produit clé issu du pressage des graines de soja, représente une source riche en protéines, indispensable pour la formulation de rations animales équilibrées. Typiquement, ce coproduit contient entre 44 % et 48 % de protéines brutes, ainsi qu’un profil complet d’acides aminés essentiels, notamment la lysine, la méthionine et la thréonine, qui sont déterminants pour la croissance optimale des animaux d’élevage tels que les porcs, les volailles et les poissons.
En termes énergétiques, la tourteau offre environ 2300 à 2600 kcal/kg d’énergie métabolisable, renforçant ainsi l’efficacité des rations alimentaires. Sa richesse protéique contribue directement à l’amélioration des performances zootechniques tout en optimisant l’utilisation des ressources alimentaires.
Le traitement industriel de la tourteau de soja influe fortement sur ses qualités nutritives et son appétence. Les étapes telles que le séchage, le broyage et surtout la cuisson-expansion (extrusion) jouent un rôle crucial dans la préservation de l’activité protéique et la dégradation des facteurs antinutritionnels.
Par exemple, une cuisson-expansion à température contrôlée (~110-120°C) améliore la digestibilité des protéines tout en empêchant la formation d’amertume, ce qui favorise une meilleure ingestion chez les animaux. Là où un séchage inadéquat mène à une altération microbiologique, le contrôle précis des paramètres thermiques permet de maintenir une qualité constante indispensable pour la formulation scientifique des aliments.
Le maintien d’un taux d’humidité optimal (inférieur à 12 %) dans la tourteau est une condition sine qua non pour prévenir la prolifération fongique et préserver les valeurs nutritionnelles. Des installations de stockage à température régulée (15-20°C) et une ventilation adaptée réduisent significativement les risques de développement de mycotoxines, lesquelles compromettent la sécurité alimentaire et entraînent des pertes économiques substantielles.
L’emploi de traitements antifongiques naturels ou de technologies innovantes comme le conditionnement sous atmosphère modifiée commence à se populariser dans l’industrie pour garantir une qualité durable.
L’adaptation des taux d’incorporation de la tourteau dans les aliments varie selon l’espèce et le stade d’élevage. Chez le porc engraissement, la substitution de la farine animale par la tourteau peut atteindre 20 à 30 % du total de la matière sèche sans compromettre la croissance, tandis que pour la volaille de ponte, un remplacement dépassant 25 % optimise la production d’œufs sans effet délétère.
Dans l’aquaculture, une incorporation progressive allant jusqu’à 40 % permet de ménager la santé intestinale des poissons, améliorant ainsi le ratio alimentaire/production. Ces résultats reposent sur des essais contrôlés et conduisent à une réduction notable des coûts globaux grâce à la valorisation des coproduits issus des huileries de soja.
| Espèce | Stade d’élevage | Taux d’incorporation maximal (%) |
|---|---|---|
| Porc | Engraissement | 20 - 30 |
| Poule pondeuse | Pondaison | 25 |
| Poissons d’élevage | Phase croissance | 35 - 40 |
Le marché mondial de la tourteau de soja connaît une hausse de la demande portée par l’accroissement des productions animales industrielles et l’essor des régimes alimentaires à base de protéines végétales. En 2023, la consommation globale a augmenté d’environ 5,5 %, en lien direct avec l’expansion des secteurs porcins et aquacoles en Asie et en Amérique latine.
Par ailleurs, la volatilité des prix du soja influe sur le prix du coproduit, impliquant pour les producteurs la nécessité de maximiser la valeur ajoutée par des procédés d’amélioration et des stratégies de valorisation innovantes. Le développement de fonctionnalités alimentaires ciblées et l’intégration dans des solutions éco-responsables comme la conversion en fertilisants organiques ouvrent des voies prometteuses pour un usage durable et rentable de ce coproduit.
L’industrie explore activement les pistes d’« upcycling » du tourteau de soja. Au-delà de son usage conventionnel en alimentation animale, des technologies d’extraction enzymatique permettent d’isoler des peptides bioactifs à visée fonctionnelle, destinés notamment à des additifs alimentaires ou compléments.
Parallèlement, la méthanisation et la valorisation en compost organique représentent des solutions écologiques permettant non seulement de valoriser les résidus de tourteau issus du process, mais aussi de renforcer la circularité des ressources dans un contexte de transition agroécologique.