Dans l’industrie des huiles alimentaires, l’affinage de l’huile de soja constitue une phase essentielle pour assurer une qualité supérieure et une durée de conservation accrue. Ce processus complexe intervient après l’extraction de l’huile brute et vise à éliminer les impuretés, telles que les acides gras libres, les phospholipides, les pigments et autres contaminants pouvant affecter la stabilité, le goût et l’apparence finale de l’huile.
La première étape critique consiste à réduire le taux d’acides gras libres, responsables de l’acidité et du rancissement prématuré. Cette neutralisation se réalise généralement par une réaction avec des solutions alcalines, comme l’hydroxyde de sodium, à une température contrôlée de 60 à 70 °C. Cette opération doit être précisément calibrée pour éviter la surconsommation de réactifs tout en assurant une acidité résiduelle inférieure à 0,1 % pour garantir la conformité aux normes alimentaires internationales.
Simultanément, le retrait des phospholipides — substances à la fois émulsifiantes et oxydantes — s’effectue via un processus de dégommage, qui peut être à l’eau ou à la vapeur, selon le type de système choisi. Une efficacité élevée dans cette phase améliore considérablement la filtration et la stabilisation ultérieure de l’huile.
Les pigments comme la chlorophylle et les caroténoïdes altèrent la couleur et peuvent catalyser la dégradation oxydative. Leur élimination s’obtient par adsorption sur des terres raffinantes ou autres adsorbants spécialement sélectionnés, utilisés dans des conditions optimales : températures autour de 90 à 110 °C et un temps de contact maîtrisé entre 20 et 40 minutes.
L’efficacité de cette phase repose sur le dosage précis des adsorbants et un contrôle rigoureux des paramètres opérationnels, garantissant une huile limpide, stable et conforme aux exigences sensorielles du marché.
Trois configurations dominent cette industrie. Les systèmes batch, plus adaptés aux petites échelles (10-50 tonnes/jour), offrent un contrôle flexible mais demandent une main-d’œuvre plus qualifiée et un temps de cycle plus long. Les systèmes semi-continu, hybrides, allient capacité accrue (50-200 tonnes/jour) et automatisation partielle, optimisant la productivité avec moins d’interventions.
À grande échelle, les systèmes continus (>200 tonnes/jour) intègrent des automatismes avancés pour la régulation fine des paramètres (température, pH, dosage réactifs), garantissant un rendement maximal et une constance qualitatives. Ces systèmes présentent un coût d’investissement supérieur mais offrent une réduction significative des coûts opérationnels et une meilleure conformité aux normes environnementales grâce aux technologies intégrées de récupération des déchets.
La réussite des étapes d’affinage repose sur une gestion précise de la température : trop basse, elle entraîne une inefficacité du traitement ; trop élevée, elle dégrade les qualités organoleptiques et nutritionnelles. Par exemple, durant la neutralisation, maintenir une température stable autour de 65 °C optimise la réaction sans déstabiliser l’émulsion. La décoloration requiert en revanche des températures légèrement plus élevées, entre 95 et 110 °C.
Le choix et le dosage des agents chimiques tels que les alcalis, les acides phosphoriques pour le dégommage, et les terres de décoloration représentent aussi des leviers clés. Les avancées technologiques permettent désormais des régulations automatiques assurant une consommation optimale et durable.
Dans une logique de durabilité, l’industrie met un accent croissant sur le traitement des déchets issus des étapes d’affinage, notamment les boues phosphoreuses et terres usagées. L’adoption de systèmes de recyclage et de valorisation est désormais un impératif réglementaire dans de nombreux pays.
Par ailleurs, la sécurité d’exploitation impose un contrôle rigoureux des conditions de travail, une étanchéité adéquate des réacteurs et un suivi continu des émissions de polluants atmosphériques, garantissant un environnement sain pour les opérateurs et le voisinage industriel.